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Réussir l’implantation de ses prairies par les semis sous couvert

Agriculture biologique. Stéphanie Guibert, de la chambre d’agriculture Pays de la Loire, était l’invitée du Sommet international de l’innovation agricole. Elle explique pourquoi l’association céréales – protéagineux contribue à sécuriser les prairies.

Plus respectueux de la biodiversité, les semis sous couvert, sont aussi un moyen « d’économiser son temps et son carburant ». En effet, selon Stéphanie Guibert de la chambre d’agriculture Pays de la Loire, « l’un des aspects positifs de cette technique culturale, c’est qu’un seul travail du sol est nécessaire pour deux cultures ».

Le principe est d’implanter l’association céréales-protéagineux à quelques centimètres sous terre contrairement à la prairie semée, elle, quasiment à la surface du sol, à un centimètre.  Semer sous couvert n’est pas si évident. Pour autant, cette méthode présente de nombreux intérêts.

« Pallier la sécheresse estivale »

Au fil des années, force est de constater que l’aridité des sols dû au changement climatique s’étend de plus en plus sur le mois de septembre.  Or, les semis sous couvert peuvent être décalés en octobre, une période où le sol possède un taux d’humidité plus important.

La prairie est donc plus favorable à la semence. Les experts s’accordent à dire que la période de semis idéale s’étale du 10 au 25 octobre. « Passer ce délai revient alors à prendre davantage de risques du fait des conditions d’implantation comme ce fut le cas en 2019 où la fin octobre avait enregistré une pluviométrie importante », rappelle Stéphanie Guibert.

Alliance céréales-protéagineux

« La composition de l’association céréales-protéagineux de couverture dépend de l’objectif que l’on a en définitif », assure Stéphanie Guibert. Le principe ? On sélectionne une céréale couvrante de type triticale ou avoine que l’on associe à un protéagineux. Le protéagineux, lui, est défini en fonction de sa récolte : en grain ou en fourrage. S’il s’agit d’une récolte fourragère alors, il est choisi pour sa qualité plus ou moins riche en protéines.

Le projet PROCERHERB financé par la région Pays de la Loire a expérimenté plusieurs mélanges. L’objectif ? « Trouver le meilleur compromis entre le rendement, la qualité du méteil et le nombre de récoltes pouvant être effectuées », affirme Stéphanie Guibert. Ces essais ont été menés et récoltés à différentes dates sur six fermes expérimentales de la région dont celle des Etablières

La première récolte, dite précoce, s’effectue au stade floraison du pois fourrager. La deuxième à la floraison du triticale, qualifiée cette fois-ci de récolte intermédiaire. Enfin, trois semaines après, vient la récolte tardive, au stade immature (laiteux pâteux) de la céréale. Après diverses observations, la récolte intermédiaire est celle qui présente le plus d’avantages.

En effet, celle-ci assure rendement et qualité du méteil avec en prime une prairie exploitable rapidement derrière. C’est un autre intérêt que présente ce mode de culture.


A revoir en replay.

Les Pieds dans l’eau : l’aquaponie a le vent en poupe

Agreen Startup. Récompensé lors du Sival 2019 pour son concept de salade vivante, la jeune entreprise innovante a depuis étoffé son activité maraîchage et à des projets pleins les cartons. Elle était à l’honneur ce jeudi 6 mai du Sommet international de l’innovation agricole.

Une passion, ça se cultive. Clément Réveillé a d’abord testé la sienne dans son jardin pendant sept ans. A l’époque, l’aquaponie en est encore à ses balbutiements. Pourtant Clément y croit fort. En 2019, il se présente au concours Agreen Startup (Sival) avec un concept étonnant : la salade vivante. Le projet est récompensé. Deux ans après ce concours Agreen Startup, la PME compte deux salariés et une apprentie.

Mais au fait, l’aquaponie, c’est quoi ?

« L’aquaponie, c’est une exploitation avec une partie piscicole et une partie maraîchère hors-sol, explique le gérant des Pieds dans l’eau. L’eau sale des poissons est récupérée. A l’aide de bactéries, les matières fécales sont transformées en nutriment pour des plantes. Cette eau enrichie est ensuite intégrée dans notre système de maraichage hors-sols. Grâce à un effet de phyto-épuration, les plantes récupèrent les nutriments dans cette eau et la rendent propres. Elle est alors renvoyée vers les bassins piscicoles. »

C’est à partir de cette technique qu’est produite la salade vivante saluée au Sival 2019. « C’est une salade vendue avec sa racine, explique Clément Réveillé. Sa durée de conservation s’améliore ainsi fortement. Entre ce qui n’est pas récolté au champ et ce qui s’abîme dans notre réfrigérateur, en France, on estime que 50% de salades sont perdues. » 

Installée à La Séguinière (49), la micro-ferme n’a cessé depuis de diversifier son activité. « Nos productions ? Du poisson, évidemment, en l’occurrence de la truite, de septembre à mai. L’été, nous faisons du grossissement de poisson d’ornement et de bassin. Côté maraîchage, nous cultivons des tomates, des fraises, des melons, des concombres mais aussi et bien sûr de la salade vivante, bientôt distribuée en grande surface. »

Depuis le premier confinement, les Pieds dans l’eau propose aussi des paniers aux particuliers. Parallèlement, la PME fournit des plantes aromatiques, des fleurs comestibles et quelques produits phares comme la tomate ou la fraise aux restaurateurs du coin. Elle vient aussi de se lancer dans la production de micro-pousses (« baby végétal »). Dans ses cartons également, un projet pour valoriser les poissons sous différentes formes (fumé, rillettes..).

Les enseignements du projet européen DiverImpacts

Le projet DiverImpacts, qui regroupe 33 partenaires répartis dans 11 pays s’intéresse à la diversification des systèmes de cultures à travers 25 cas d’étude. Didier Stilmant en est le coordinateur adjoint. Mardi 4 mai, il était l’invité du Sommet international de l’innovation agricole, notre partenaire.

Les avantages de la diversité d’assolement sont connus : amélioration de la biodiversité et de la qualité des sols, meilleure productivité. Mais comme partout dans la nature, tout est question d’équilibre. Et il est nécessaire de faire des compromis entre les différents indicateurs pour atteindre l’objectif souhaité.

« Le projet DiverImpacts explore les pistes pour identifier les freins à la diversification et les solutions pour les surmonter mais aussi pour repérer les techniques culturales innovantes et les outils permettant de sélectionner la stratégie la plus adaptée dans un contexte donné », explique Didier Stilmant, le coordinateur de ce projet européen, en préambule de son exposé.

Vingt-cinq cas d’étude ont été explorés à la loupe dans 11 pays.

  • Premier enseignement tiré du projet DiverImpacts : « la diversification des systèmes de cultures peut soutenir la transition des systèmes agro-alimentaires (et pas seulement agricoles) vers plus de durabilité, en contribuant notamment à l’atténuation du changement climatique. » « A l’échelle d’une exploitation, complète Didier Stilmant, il faut quantifier l’effet d’une nouvelle culture sur l’ensemble de la rotation. Pour cela, le projet DiverImpacts a mis en place divers indicateurs environnementaux (pression sur la ressource en eau, impact sur le changement climatique), économiques (productivité) et sociaux. Ils permettent d’avoir une vue globale de la performance de la rotation. »
  • Second enseignement : les freins à la diversification ne s’arrêtent pas à l’exploitation. « En amont, les agro-industries doivent progresser techniquement et génétiquement sur les cultures mineures et trouver des solutions pour mieux protéger les cultures. En aval, les firmes de collecte et de transformation font face à une logistique de stocks plus complexe (diversité de matières premières plus importante) et doivent développer des process de transformation innovants. »
  • Troisième enseignement : « une étroite collaboration et un apprentissage entre les acteurs de cette diversification sont des facteurs clés de sa réussite ». C’est ce qu’expliquait Jérémy Berthomier, conseiller à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, dans son exposé diffusé la semaine dernière.
  • Quatrième enseignement : « il est nécessaire de combiner différentes stratégies, évolutives et adaptées aux besoins individuels et conditions locales (contexte pédoclimatique et socio-économique) ».
  • Cinquième enseignement : il est pertinent de « développer et mobiliser différentes méthodes et outils, de façon à en tirer les bénéfices tout au long des systèmes de cultures, tout en répondant aux besoins et attentes de chacun des acteurs ».

Contact : d.stilmant@cra.wallonie.be