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Les échanges entre agriculteurs: un véritable levier pour la diversification

Diversité d’assolement. Un groupe d’agriculteurs vendéens du Geda de Pouzauges s’est intéressé aux pratiques d’échanges entre éleveurs et céréaliers et aux bénéfices que l’on pouvait en tirer. Trois cas d’études ont été présenté dans le cadre d’un exposé du Sommet international de l’innovation agricole, notre partenaire.

D’un côté, des céréaliers avec ou sans élevage, qui ont une surface cultivée suffisamment importante et sont en recherche de diversification de leurs rotations. De l’autre des éleveurs, avec une surface cultivée restreinte qui ont besoin de davantage de fourrage pour leur troupeau (bovins lait ou viande) et souhaiteraient limiter leur dépendance vis-à-vis des intrants extérieurs. Et au milieu une question récurrente : « Tu ne connaitrais pas quelqu’un qui… » …

« Ces agriculteurs isolés n’avaient pas de réponses à leurs besoins, souligne Jérémy Berthomier, de la chambre d’agriculture Pays de la Loire  Ils vivent à proximité l’un de l’autre mais ne se connaissent pas forcément. Or, leurs besoins sont proches. »

Fin 2017, pour lever ces freins à la diversification d’assolement à l’échelle de leur territoire, un groupe d’agriculteurs du Geda de Pouzauges* décident de rejoindre le programme européen DiverImpacts qui étudie de près la problématique.

Plusieurs cas d’échanges éleveurs-céréaliers sont alors scrutés à la loupe au sein du canton de Pouzauges. En voici trois exemples.

La dimension sociale, clé de la réussite

Premier cas. Un céréalier veut diminuer les tourteaux dans son élevage. Sa SAU répond largement aux besoins de son troupeau, il a un excédent de fourrage. A cela s’ajoute des terres éloignées du centre de l’exploitation et de mauvaise qualité. En face, son voisin éleveur est fortement déficitaire en fourrage, son troupeau est important et il manque de temps. Leur solution ? Coproduire 25 ha de méteil sur les terres du céréalier : 13 ha sont pour le producteur, 12 ha pour son voisin éleveur. Résultat ? Le céréalier, qui gère les semis, améliore sa rotation. Ses parcelles sont propres. L’éleveur, qui assure la fertilisation, la récolte et le transport, a désormais du fourrage de qualité, sans achat extérieur.

Second cas. Un céréalier a l’obligation légale de faire un couvert végétal. En TCS (technique culturale simplifiée) donc avec allongement de ses rotations, il cherche à réduire ses intrants. En face, son voisin éleveur, manque de surface pour ses fourrages et veut réduire la part du maïs et de tourteau pour améliorer les marges de son atelier bovin lait. Leur solution ? Implanter un couvert à base de trèfle incarnat et d’avoine brésilienne sur 21 ha du céréalier pour l’éleveur. Le céréalier a ainsi un couvert qui rentre bien dans sa rotation et est adapté à ses parcelles. L’éleveur a un lait de meilleure qualité et de meilleures marges.

Troisième cas. Un céréalier a besoin de diversifier et d’allonger ses rotations. En face, son voisin éleveur a envie de changement et cherche à améliorer ses marges et la qualité de son lait. Leur solution ? Un échange de protéagineux valorisé dans l’exploitation laitière en étant incorporé dans la ration. Un second céréalier les rejoint. Les deux céréaliers produisent et vendent sur pied 5 ha de féverole à l’éleveur.

Bilan ? « Globalement, une fois l’échange mis en place, les relations humaines prennent le pas sur le technico-économique, souligne Jérémy Berthomier. L’aspect économique permet d’initier l’échange mais c’est l’aspect social qui permet de le faire durer. » Une série de fiches thématiques sur les échanges entre céréalier et éleveur ont ainsi été établies.

* Accompagné par la chambre d’agriculture Pays de la Loire.