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Diversité d’assolement : quelles alternatives aux céréales à paille d’hiver ?

Avec le réchauffement climatique, diversifier ses cultures et ses associations est crucial pour combler tout déficit en céréales à paille. Le sujet était cette semaine au menu d’une conférence organisée en partenariat avec le Sommet international de l’innovation agricole.

Manque d’implantation à l’automne, excès d’eau hivernal, parcelles cassées et 50% des récoltes en blé tendre perdue. L’année 2020 a été compliquée pour les céréales à paille et les agriculteurs ne sont pas prêts d’oublier cette calamité. Pour autant, il a bien fallu rebondir pour combler ce déficit en céréales à paille. Mais quelles cultures mettre en place ?  Et lesquelles sont les plus efficientes ?

Pour répondre à ces questions, la chambre d’agriculture Pays de la Loire a lancé deux plateformes d’essais au printemps 2020. La première a été implantée fin mars dans le Nord est de la Vendée, avec notamment des céréales de printemps comme l’avoine, l’épeautre, l’orge de printemps ou le triticale.

« La céréale à paille qui s’en sort le mieux, c’est l’orge de printemps avec un rendement moyen de 40 à 45 qtx/ha, indique Jérémy Berthomier, conseiller agronome. Par sa densité de récolte, cette céréale obtient un rendement paille très satisfaisant. Sa marge brute est également meilleure que celle du blé tende. »

« La culture magique n’existe pas »

Sur cette même plateforme, plusieurs protéagineux ont été mis sur le banc d’essai, en culture pure ou associés à de l’avoine ou du triticale.

Résultat ? « Le lupin de printemps obtient le meilleur rendement avec 30 qtx/ ha. Le climat, et notamment les pluies fin juin, lui a été bénéfique. Son association avec de l’avoine fonctionne très bien, l’avoine étant là pour limiter le salissement. »

Sur la seconde plateforme implantée début mai, d’autres cultures ont été. « Besoin en eau, concurrence avec les adventices ou rentabilité économique, aucune ne rassemble tous les avantages. La culture magique n’existe pas, prévient Jérémy Berthomier. Néanmoins, le sarrasin semble intéressant en termes de couverture du sol ou de productivité. Cette année, on concentre nos essais sur lui pour étudier la suite de l’itinéraire technique et ses débouchés. »

Autre projet, Prograiilive dont les essais ont eu lieu entre 2015 et 2018 en Bretagne et Pays de la Loire. Objectif : sécuriser la production des protéagineux par l’association à une céréale et limiter le salissement.

« L’association protéagineux / céréale améliore le pouvoir couvrant et leur productivité, note Céline Bourlet, conseillère agronome à la chambre d’agriculture Pays de la Loire. Le couple protéagineux / avoine est le plus intéressant pour limiter le salissement. Pour les cultures de printemps, l’orge est une bonne option. »

En termes de rendement, les résultats sont très variables selon la conduite, la localisation des essais ou le protéagineux testé. « Globalement, l’association améliore le rendement de la céréale récoltée mais n’a qu’un faible impact sur celui du protéagineux. Pour les protéagineux de printemps, on observe même une baisse car il y a concurrence sur la disponibilité en eau. »

Et les plantes fourragères d’été ?

A la Cavac, depuis trois ans, on expérimente diverses plantes fourragères d’été. « Les semis précoces sont un gage de réussite, tant qualitativement que quantitativement », souligne Tony Roux, responsable Fourragère à la coopérative agricole.

Quelles espèces planter ? « De mars à avril, on est plus sur des graminées comme le ray-grass d’Italie. Sa croissance rapide avant la période sèche de juin garantie la production d’un fourrage d’été sans soucis. Autre atout : on peut avoir une exploitation à l’automne, voire au printemps suivant. »

Les graminées tropicales débarquent en terres vendéennes pour pallier le manque de paille et certaines espèces s’y plaisent bien C’est le cas notamment du sorgho multicoupe. Semé à partir du 20 avril, voire début mai, il a besoin de chaleur. Une variété comme le sorgho- Soudan offre des qualités alimentaires certes médiocres mais produit beaucoup de fourrage. On peut avoir jusqu’à trois exploitations. « L’an dernier, le sorgho multicoupe nous a permis de produire 18 à 20 tonnes MS. » Le trèfle d’Alexandrie est à scruter également. « Semé jusqu’à fin mai, il est capable de pousser sous des températures plus élevées, et peut être exploité en fauche ou en pâturage à l’automne. »

Les alternatives aux céréales à paille d’hiver existent mais leur réussite est intimement liée à la météo. « Plus on a d’options, plus on a de chance de gagner la partie, résume Tony Roux. Dans un système fourrager, il faut diversifier ses cultures, ses associations, ses dates de culture. »  Jérémy Berthomier acquiesce : « Nous devons encore beaucoup travailler sur la résilience des systèmes en polyculture-élevage pour avoir du fourrage toute l’année. Et pour cela, il faut miser sur des espèces qui ont des périodes de pousses très différentes. »

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