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Les défis de l’agriculture au cœur de Tech Élevage 2021

Interview. Renouvellement des générations, maintien de l’élevage ou santé globale : trois défis pour l’agriculture du XXIe siècle. Le point avec Joël Limouzin, président de la chambre d’agriculture de Vendée. 

Tech Élevage, c’est le salon de l’élevage et de l’innovation agricole en Pays de la Loire. C’est aussi un temps d’échanges incontournable pour les agriculteurs pour trouver des solutions à de nombreux défis comme le renouvellement des générations. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce sujet ?

Joël Limouzin : Avec le nombre important de départs à la retraite ces prochaines années, l’installation de nouveaux agriculteurs est une vraie priorité en Pays de la Loire. Les Jeunes agriculteurs se sont d’ailleurs emparés du sujet avec les Instants Jeunes agris, le forum de l’installation, transmission et de l’emploi, proposé cette année à Tech Élevage.

Nous constatons une grande diversité de projets d’installation, avec de plus en plus de jeunes non issus du milieu agricole. C’est plutôt rassurant, cela montre l’attractivité de nos métiers. Mais ces nouveaux agriculteurs, dont certains sont en réorientation professionnelle, n’ont pas grandi dans une ferme. Ils ont donc besoin d’être formés pour que leur projet soit techniquement et économiquement viable. 

Aujourd’hui, 95 % des agriculteurs sont toujours en place après dix ans d’activité. Maintenir ce taux dans les années à venir sera un vrai défi. C’est pourquoi, la chambre d’agriculture Pays de la Loire et la Région mènent des expériences pilotes dans les territoires en faveur du renouvellement des générations en agriculture. Il s’agit de faire un état des lieux des agriculteurs qui partent à la retraite dans les cinq ans à venir et de les mettre en relation avec des jeunes, intéressés par l’agriculture. En Vendée, les communautés de communes Mortagne-sur-Sèvre et Vie et Boulogne sont les deux territoires pilotes. 

En quoi le maintien de l’élevage est-il un enjeu majeur pour notre région ?

J. L. : Les chiffres sont alarmants : les effectifs d’élevage sont en baisse, en particulier dans le secteur des ruminants. Tout cela se télescope avec les états généraux de l’alimentation et le débat autour du prix payé aux éleveurs. La non-rentabilité économique des exploitations provoque la disparition de l’atelier élevage après un départ en retraite voire des cessations d’activité. Il faut arrêter l’hémorragie. Ce qui est rassurant, c’est de voir tous ces jeunes en formation passionnés par l’élevage. C’est pour eux aussi que nous devons agir. La production alimentaire doit être le socle de base pour maintenir l’élevage. La production d’énergie, comme la méthanisation agricole, peut également y contribuer. C’est l’une des pistes complémentaires évoquées lors du congrès régional des chambres d’agriculture Pays de la Loire en septembre dernier.

La santé globale, thème de cette 9e édition, fait l’objet d’une conférence à laquelle vous participez le 16 novembre…

J. L. : Santé animale, santé des végétaux, santé humaine : tout est lié. Or, la bonne santé humaine passe par une bonne qualité des denrées alimentaires et une alimentation saine et équilibrée. Entre 2011 et 2019, le recours aux antibiotiques des élevages français (ruminants, monogastriques…) a baissé de 45 % en moyenne. C’est une vraie satisfaction. Les éleveurs ont fait de nombreux efforts pour adapter leurs pratiques en collaboration étroite avec les vétérinaires. Résultat : on n’a jamais eu une alimentation aussi saine. Paradoxalement, l’utilisation d’antibiotiques en santé humaine augmente, cumulée avec une alimentation déséquilibrée. Il est donc urgent d’éduquer la population pour rééquilibrer notre alimentation. C’est un enjeu fondamental.