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Méthanisation et microalgues : zoom sur 3 projets

Après le climat, place au mois de la méthanisation. La thématique a été inaugurée mardi 16 février par un focus sur les croisements possibles avec la culture des microalgues.

D’un côté, la méthanisation agricole, production d’énergie à base de matière organique. De l’autre, l’aquaculture dont la culture des microalgues. Deux mondes, deux technologies, qui longtemps se sont côtoyés sans se rencontrer. Or, associées, le potentiel semble immense pour relever les défis liés à la transition énergétique, alimentaire et environnementale. Dans le Grand Ouest, la question est au cœur de plusieurs projets. Trois experts font le point sur les travaux en cours lors d’une conférence organisée en partenariat avec le Sommet international de l’innovation agricole,

Les microalgues, c’est quoi ?

« Ce sont des micro-organismes riches en protéines et lipides, capables de photosynthèse que ce soit en eau marine ou eau douce, explique Pascal Trintignac, conseiller aquacole au Smidap*. Dès les années 80-90, on savait déjà les utiliser pour l’alimentation des poissons. Depuis la fin des années 90, l’amélioration des outils technologiques et la prise en compte de nouveaux enjeux offrent des perspectives intéressantes dans les domaines de la santé, alimentaire, cosmétique, énergie, captage de CO2… »

Une feuille de route régionale

En Pays de la Loire, scientifiques et élus ont bien compris le potentiel des microalgues. En octobre dernier, les conseillers régionaux ont ainsi voté une feuille de route spécifique pour 2021-2027. Elle doit soutenir le « déploiement des microalgues comme sources de solutions pour relever les défis liés à la transition environnementale, alimentaire et énergétique », souligne Pascal Trintignac du Smidap.

L’objectif est double : « faire grandir la filière régionale microalgue » pour faire des Pays de la Loire « un territoire d’excellence scientifique et technique sur toute la chaîne de valeur ». Y compris sur le volet méthanisation.

Aquagrinergie : capter la chaleur fatale des méthaniseurs

Le projet Aquagrinergie ambitionne de développer l’aquaculture de façon vertueuse. Le principe ? « Des bassins d’élevage qui fonctionnent avec de l’eau recirculée et utilisent de la chaleur fatale », résume Pierre-Etienne Rollet, de la société nantaise Via Aqua, l’un des acteurs du projet aux côtés de la chambre d’agriculture Pays de la Loire et du Smidap.

La chaleur fatale, c’est quoi ? C’est une source d’énergie produite par une industrie (agroalimentaire, data center…) ou un méthaniseur agricole (en cogénération), et non utilisée.  L’idée d’Aquagrinergie est donc de trouver des solutions pour capter ce reliquat énergétique et s’en servir pour chauffer des bassins d’élevage.

« Les boues produites par l’aquaculture peuvent être renvoyées vers le méthaniseur en complément de la biomasse pour produire de l’énergie, et le méthaniseur renvoie de la chaleur à son tour à la ferme aquacole, détaille Pierre-Etienne Rollet.  Quant aux effluents liquides, chargés en azote, phosphore et potassium, ils représentent un potentiel fertilisant intéressant.»

Pour relever le défi, plusieurs paramètres sont à prendre en compte. D’abord, il s’agit de faire le lien entre l’offre et la demande, tant en termes de volume global que de saisonnalité : l’été, on a moins besoin de chauffer les bassins.  Ensuite, pour obtenir un prix du kilowatt thermique intéressant tant pour l’agriculteur que l’aquaculteur, la source de chaleur doit aussi être assez proche des bassins d’élevage.

Alg-AD : valoriser le digestat

Alg-AD est un projet européen, piloté par la Swansea University (Royaume-Uni) en partenariat avec les chambres d’agriculture de Bretagne, Normandie et Pays de la Loire.

L’idée :

  • transformer le digestat des méthaniseurs agricoles en substrat pour cultiver des microalgues ;
  • valoriser cette biomasse algale en alimentation animale ou poisson.

Selon Denis de la Broise, chercheur sur le site pilote breton d’Alg-AD, les travaux actuels consistent à :

  • « vérifier que l’on puisse faire pousser des microalgues sur du digestat »;
  • « à explorer les différentes valorisations possibles et à s’assurer de la viabilité économique des process.»

« Nous testons différentes microalgues dont l’aurantiochytrium. Cette variété a la particularité de produire en grande quantité de la DHA, une huile particulière nécessaire au fonctionnement des êtres vivants et présente dans l’alimentation poisson et animale. Aujourd’hui, 20% de la pêche mondiale sert à récupérer cette huile. Si on arrive à produire de la DHA à partir de microalgues en volume important, on pourrait ainsi limiter la surpêche. »

Les premiers résultats sont encourageants : « On est capable de produire une quantité significative dans un nombre restreint de réacteurs. »

*Syndicat mixte pour le développement de l’aquaculture et de la pêche en Pays de la Loire.

A revoir en vidéo.
A écouter en podcast.